A 35 et 36 ans, Maritxu Chapelet-Housset et Amaia Etchelecu ont remporté la médaille d’or en paleta gomme, lors de la Coupe du monde au Chili, qui s’est déroulée du 20 au 26 novembre dernier. Victorieuses de l’équipe d’Argentine en finale 15-4 ; 15-9, elles ont surtout bataillé en demi-finale contre le Mexique où elles ont perdu la première manche puis remporté les deux suivantes pour décrocher leur place en finale, puis la médaille.

 

Que représente cette médaille d’or en Coupe du monde pour vous ?

Maritxu Chapelet-Housset : On ne s’était jamais confrontées à l’équipe mexicaine en mur à gauche, championne du monde en titre. On est plutôt des joueuses de trinquet donc on connaît très bien les filles en trinquet. En mur à gauche un peu moins. Il y a deux ans on avait choisi le trinquet donc on n’avait pas pu s’opposer à ce qui était devenu la meilleure équipe au monde, donc les Mexicaines. C’était un petit défi d’aller les chatouiller dans leur air de jeu favorite donc on est très contentes de les avoir gagnées sur cette spécialité là.

La partie la plus dure pour vous a été la demi-finale contre le Mexique. Vous perdez la 1re manche 15-8. La 2e manche est très serrée mais vous la remportez 15-10 et vous remportez la 3e 10-7. Comment avez-vous géré ce moment ?

Amaia Etchelecu : Déjà on avait perdu la première manche. Elles dominaient dans le jeu même si on arrivait à les faire jouer. En deuxième manche on était aussi mal embarquées puisqu’on perdait 10-7. On s’est regardé à un moment donné et on a lu dans les yeux l’une de l’autre que finalement peut-être que ça allait être difficile de gagner, un peu comme si on avait accepté de perdre. Mais il y a eu un revirement de situation. Ce qui tombait en leur faveur, tombait en notre faveur et pour le coup on y a cru et on a eu la volonté de jouer, d’essayer de tenter notre chance jusqu’au bout et sur la longueur ça a payé.

M. C-H : On n’a vraiment pas lâché, on aurait pu baisser les bras ou se dire ‘tant pis j’essaie des trucs que je n’ai pas l’habitude de faire, peut-être que ça va passer’. Mais on a quand même gardé une certaine rigueur de jeu, en espérant qu’elles aussi physiquement elles allaient accuser un peu le coup. Même si techniquement elles étaient encore présentes, physiquement mine de rien, on se disait qu’il suffisait de quelques points pour que ça bascule.

On entend dire ça et là que la féminisation de la discipline serait l’avenir de la pelote. Qu’en pensez-vous ?

M. C-H : L’avenir je ne sais pas mais c’est une bonne chose c’est sûr. Cette discipline a été rajoutée ce qui amène à trois les disciplines féminines contre douze pour les garçons. Si on veut suivre l’évolution, que ça soit même aux Jeux Olympiques, il faut forcément qu’il y ait la parité dans les disciplines donc c’est évident qu’il faut une féminisation.

On parle généralement plus des hommes que des femmes dans le monde de la pelote. Comment l’expliquez-vous ?

A. E : Je pense qu’on joue par plaisir personnel à la base, donc on n’est pas en attente de quoi que ce soit. C’est vrai que ce sont souvent les gens extérieurs qui nous mettent la puce à l’oreille, qui nous disent ‘mais comment ça on ne parle pas de vous les féminines ?’ Et c’est vrai qu’à ce moment là ça met un petit éclairage et on se dit ‘oui, pourquoi ?’

M. E : Personnellement, je ne pense pas qu’on parle moins des filles. Je pense qu’on parle plus de la main nue. Pour moi, ce n’est pas qu’on parle plus des hommes. Je ne suis pas persuadée que le joueur de baline homme, on en parle plus qu’une joueuse de baline. La main nue a la main mise sur les médias dans le monde de la pelote. Et pour moi, c’est impossible pour une femme de jouer à la main nue. C’est très douloureux pour les mains, je ne suis pas persuadée que la main nue marche pour les filles dans les dix prochaines années.

Comment avez-vous commencé à jouer à la pelote ?

A. E : J’ai commencé jeune en suivant mon père qui était entraîneur au club de Saint-Jean-de-Luz, Luzean. C’était ma garderie du mercredi après-midi. J’ai commencé à l’époque en jouant à chistera joko garbi. J’ai basculé à la pala à l’âge de douze treize ans parce que le joko garbi était, et est toujours, une spécialité masculine. Je pouvais continuer à m’entraîner, à jouer avec les garçons le mercredi, mais je ne pouvais pas rentrer en compétition donc c’est naturellement que j’ai basculé vers la pala.

M. C-H : Mon père est dirigeant d’un club de main nue donc j’ai commencé la main nue à six ans. Comme pour Amaia, je le suivais aux entraînements et à huit ans, le club de pala féminine s’est ouvert à Arbonne, du coup j’ai enchaîné à pala.

Quel conseil donneriez-vous à des petites filles qui voudraient jouer à la pelote ?

M. C-H : Il faut aimer ça déjà et réussir à s’amuser en jouant. Il faut que ce soit un loisir. Quand ça devient une obligation ce n’est plus bon, il faut vraiment que ce soit source de plaisir.

Est-ce compliqué d’être une joueuse dans ce monde plutôt masculin de la pelote ?

M. C-H : En championnat, on ne croise que des filles, on croise peu les hommes. On est tout le temps entre filles en championnat.

A. E : Oui, et après on a vraiment la porte ouverte sur des tournois privés où on joue avec les hommes en mixte. Le regard est plutôt favorable. On a notre place sur ces tournois là au même titre que n’importe quel homme. Je ne ressens aucun retour négatif, au contraire.