Sébastien Laurencena, kinésithérapeute et ostéopathe à Saint-Pée-sur-Nivelle, vous donne quelques conseils pour prendre soin de vos mains.
Quelles sont les bonnes pratiques à adopter ?
Sébastien Laurencena : Ce qui est important au niveau prévention c’est surtout de taper le plus souvent possible. Tous les tissus vont être plus solides à l’impact si auparavant ils ont été habitués à avoir des chocs répétés à faible intensité. Il s’agit vraiment d’entraîner la main à subir des impacts répétés. A faible intensité la main va créer elle-même de petites protections. Entre les parties et les entraînements il faudrait taper un quart d’heure tous les jours à un mètre du mur à la volée, le temps que la main gonfle. Il faut également essayer de se masser tout seul avec des pommades anti-inflammatoires et faire quelques étirements au niveau des tendons et des muscles de l’avant-bras.
Comment un joueur doit-il se préparer avant une partie ?
S. L : On va dire qu’il faut une demi-heure d’échauffement à l’extérieur à faire des petites courses plus un quart d’heure vingt minutes pour la main après à l’intérieur du trinquet avant de commencer la partie. Après la partie, même si on n’a pas mal, c’est toujours bon de glacer. Pour les indépendants, il faut faire une petite récupération, un petit footing.
Que faire après avoir subi un pète à la main ?
S. L : Quand les joueurs ont mal il faut glacer la main juste après la partie pour éviter que l’hématome ne se propage trop. Une fois que l’hématome est installé, il faut le résorber, à base de massages. Après, il faut retravailler sur la cicatrisation des tissus pour que ça puisse donner une cicatrice plus souple et qu’elle puisse accepter de reprendre des impacts dessus. Il faut en plus avoir une phase de repos de quinze jours.
Y’a-t-il des règles à respecter pour faire ses pansements ?
S. L : Il y a plusieurs politiques, chaque joueur fait un peu à sa façon. Il faut trouver le pansement qui lui convient. Certains préfèrent un pansement assez épais parce qu’ils ont les mains fragiles. Chaque joueur doit trouver la protection qui lui correspond.
Dès qu’il y a des lésions, il faut quand même reprendre des tacos avec une bonne épaisseur. Dans un premier temps ce n’est pas mauvais et après on peut diminuer progressivement pour retrouver des sensations. Il n’y a pas de règles particulières à respecter. Il faut en revanche éviter qu’il y ait des extrémités de tacos qui se terminent sur les angles. Il faut essayer d’arrondir les bords. Au niveau des phalanges, je pense qu’il vaut mieux toutes les protéger.
Un pilotari doit-il être suivi par un kinésithérapeute ?
S. L : C’est bien d’avoir un suivi même sans avoir de lésion à la main. En préventif on peut travailler sur tout le corps, les tensions qu’on peut retrouver au niveau cervical ou lombaire. Il y a des joueurs qui vont venir toutes les semaines et d’autres que quand ils ont la main au fond du sceau. En moyenne il est bien d’aller voir un kiné au moins deux fois dans l’année si tout va bien.
Quelles pathologies de la main retrouve-t-on chez un pilotari ?
S. L : Le plus souvent on retrouve des lésions au niveau des tendons de la main. De petits hématomes peuvent se créer. On les ligaments, qui relient les os entre eux, qui peuvent aussi avoir des lésions. Tous ces tissus quand ils cèdent, ils vont saigner, c’est pour cela souvent qu’après les joueurs ont de gros hématomes. On peut aussi avoir des problèmes vasculaires. Cela peut être des écrasements des petites artères, il n’y a plus d’irrigation et le doigt devient froid et blanc.
On peut avoir aussi des problèmes veineux et les doigts qui deviennent noirs. Le sang arrive mais il ne repart pas. Au bout d’un moment, si on ne traite pas et que le doigt n’est plus irrigué, les tissus vont commencer à nécroser. Il faut faire attention vraiment. Ça peut aussi être des artères bouchées et là on peut intervenir avec des massages et redonner du flux sanguin. Quand les tissus sont écrasés il faut intervenir au niveau chirurgical et opérer. Avec du repos l’organisme a tendance à créer de petites artères autour de la zone qui est bouchée pour recréer un pont et pouvoir irriguer les zones sus-jacentes. Mais il faut s’arrêter longtemps, ce n’est pas en quinze jours que ça revient.