Ancien joueur de pelote, Christophe Sorhondo s’est finalement tourné vers une autre carrière, celle de juge-arbitre. Chaque année, il arbitre plus d’une centaine de parties. Il estime que certaines choses devraient changer dans le monde de la pelote basque, notamment les règlements.
On le voit partout. Ou quasiment. De partie en partie, il écume les trinquets. S’ils sont beaucoup à arbitrer les parties de pelote du Pays Basque, en main nue, l’arbitre de référence, c’est lui : Christophe Sorhondo. Il s’est lancé dans les années 2000 en commençant par arbitrer de petits tournois.
Ancien joueur de pelote basque au club de Baigorri, il s’est petit à petit tourné vers l’arbitrage. “J’ai été joueur jusqu’à 26 ans mais j’avais beaucoup de problèmes de mains, je ne prenais pas de plaisir”, confie-t-il. Il a commencé à arbitrer des parties pendant qu’il était joueur et a fini par mettre le pantalon blanc au placard, comme il le dit.
A force d’arbitrer des parties, les responsables de la Ligue de pelote du Pays Basque (aujourd’hui Comité territorial Pays Basque de pelote basque) lui ont suggéré de passer le diplôme fédéral d’arbitre. Ce qu’il a fait. En 2004-2005, c’est le grand virage pour lui. “Il y avait un conflit entre les joueurs de l’Elite pro et la Fédération française de pelote basque. C’est à cette époque là qu’a été créée l’EPB (Elite pelote basque) avec Jean-Michel Idiart. Les joueurs à cette époque ont rendu leur licence et Jean-Michel Idiart les a pris sous son aile. C’est lui qui m’a lancé dans le bain de l’Elite pro”. Une élite que Christophe Sorhondo voulait vraiment arbitrer.
Sa première partie d’Elite pro, en tant qu’arbitre, il s’en souvient encore. “C’était le trophée Herriarena de Baigorri”. Depuis, il a été appelé par la FFPB pour les parties de Championnats de France Elite pro en tête à tête et deux à deux, par Esku Pilota, les organisateurs de tournois privés et bien d’autres encore. Au total, il arbitre environ 150 parties par an. Cette année, 170. “Cela commence à faire beaucoup, avoue-t-il. A partir de 2018, je voudrais mettre un coup de frein et passer de moitié”.
“Chaque organisateur me donne ce qu’il veut”
Magasinier depuis 2005 à l’entreprise Bereciartua de Baigorri, il s’arrange pour pouvoir être présent aux parties. “En parallèle j’ai aussi une exploitation de quelques vaches. Ma mère me fait les travaux l’hiver sinon je ne pourrais pas tout faire”, confie-t-il. Auparavant, il a travaillé trois ans pour l’association Perkain, aux Aldudes. “J’allais dans les écoles pour présenter la pelote basque et je m’occupais également des stages et des cours du mercredi après-midi”, se souvient-il. La pelote c’est sa passion, et depuis 1997, il tient même un classeur où il garde tous les articles de journaux qui parlent de l’Elite pro.
Arbitre depuis plus de dix ans maintenant, il n’a pas toujours été bien vu par l’ancien responsable des arbitres de la FFPB, Christian Lagourgue. “On m’a fait quelques réflexions quand j’ai eu mon premier sponsor”, se souvient-il. Un sponsor qu’il a depuis cinq ans maintenant (Intersport Saint-Jean-de-Luz). Depuis deux ans, il en a également trouvé un deuxième : le centre commercial BAB2. “Cela pourrait être une solution que les juges aient des sponsors pour avoir une petite rémunération”, avance Christophe Sorhondo. En tant qu’arbitre, pour la FFPB, il se déplace bénévolement. Pour les autres tournois (notamment d’été), on lui verse une prime. “Chaque organisateur me donne ce qu’il veut”, précise Christophe.
“Je donne les explications après dans le vestiaire”
Rôdé à l’exercice de juge-arbitre, il commence à avoir l’œil, même s’il avoue volontiers : “je me suis déjà trompé, je me trompe et je me tromperai encore. Je suis humain”. En revanche, dans la kantxa, le juge ne tergiverse pas et ne revient jamais sur sa décision. Des décisions pas toujours bien acceptées par les joueurs sur le moment. “Quand j’arbitre, en général, je ne donne pas d’explication dans le trinquet. Je donne les explications après dans le vestiaire”.
L’occasion de souligner un point un peu étrange. “Les changements de règlement sont à consulter sur le site de la FFPB mais on ne reçoit rien en tant que juge-arbitre, c’est à nous de suivre. C’est pour cela que certains joueurs ne sont pas au courant des changements ou ne connaissent pas bien certaines règles. Il faudrait éclaircir tout ça”, commente-t-il. A l’avenir, il aimerait faire une intervention auprès des joueurs avec Esku Pilota pour justement parler des règlements et expliquer ce qui change.
Malgré tout, avec les joueurs, “ça se passe bien, lance-t-il. Je tiens d’ailleurs à les remercier pour leur confiance ainsi qu’EPB, Esku Pilota et les organisateurs de tournois”. Il tient également à avoir une pensée pour Jean-Marie Mailharro qui nous a quittés fin octobre, des suites d’un cancer. “C’est lui qui m’a lancé au Master de Bayonne en 2005. Il m’a beaucoup appris”.
A 34 ans, l’arbitre pourrait se lancer dans une nouvelle aventure. Contacté par Jean-Michel Idiart pour arbitrer le mondial de frontball qui se jouera à Mexico, Christophe Sorhondo se laisse le temps de la réflexion : “c’est une nouvelle discipline que j’ai déjà arbitrée plusieurs fois à Anglet et à Vitoria. C’est peut-être une nouvelle aventure pour moi, après avoir fait le tour en trinquet, donc à voir”. En attendant, vous pourrez toujours le voir pendant les parties de Championnat de France Elite pro en individuel qui se déroulent actuellement.