Retiré de la pelote depuis un an, Peio Goicoechea poursuit ses projets dans l’entreprise familiale mais n’oublie pas sa passion pour autant. Un retour dans la kantxa ne serait pas inenvisageable pour l’ex-pilotari.
Cela fait un an qu’il a quitté les trinquets et qu’il ne fait plus rebondir la pelote dans la kantxa mais il en parle toujours avec des étoiles plein les yeux et le ton plein d’enthousiasme. Pour Peio Goicoechea, la pelote basque est un sport sublime, quasi artistique, qui lui a beaucoup apporté. Il a pourtant dû y renoncer après des blessures à répétition qui ne lui ont pas permis d’exprimer tout son potentiel.
Après avoir joué le Championnat de France Elite pro par équipes en groupe B, aux côté de Jean-Marc Lamure, en 2016, Peio Goicoechea a joué quelques parties et s’est blessé au pied gauche. “J’ai tout envoyé paître et j’ai appelé le président de la Fédération française de pelote basque”, se souvient-il. Depuis, il n’a pas rejoué à la pelote, ou juste tapé tout seul de temps à autre. “Ça me manque mais je me voyais frustré. C’est comme si on voulait jouer à 100 % mais qu’on ne pouvait être qu’à 60 %”, confie-t-il.
Et puis le niveau d’Elite pro exige une certaine rigueur et surtout, comme le souligne Peio, “il faut pouvoir avoir l’esprit au maximum libre, être dans l’insouciance”. Une insouciance qu’il ne pouvait pas avoir au vu de sa situation professionnelle. A 20 ans, il a intégré l’entreprise familiale qui se scinde en deux domaines : la céramique et la pisciculture.
Plutôt attiré par la nature, Peio Goicoechea s’est tourné vers la pisciculture à Banka. “J’ai suivi un BTS aquaculture à Saint-Pée-sur-Nivelle pour avoir des compétences en gestion, précise-t-il. J’ai très vite été passionné par les relations humaines, c’est pourquoi j’ai suivi trois ans de formation de manager à la Chambre de commerce et d’industrie de Bayonne”.
Il y a quatre ans, il a lancé une ligne de maroquinerie en peau de truite qui s’est vraiment développée il y a un an. En parallèle, depuis peu, il suit également une formation à Paris pour devenir coach de développement personnel. “J’aimerais pouvoir monter un cabinet. J’aime accompagner les personnes à se découvrir et à révéler leur potentiel”, confie-t-il.
“Si je reprenais la pelote, ce ne serait pas pour la compétition”
Des projets plein la tête, et une envie aussi de revenir dans la kantxa, mais pas pour les mêmes raisons qu’auparavant. “Si je reprenais la pelote ce ne serait surtout pas pour la compétition mais pour prendre du plaisir. C’est un sport que j’adore. Pendant un moment je ne voulais plus du tout entendre parler de pelote. Ça ne m’avait pas manqué, je m’en foutais, mais depuis le début de l’année quand j’ai vu jouer mon frère, ça m’a tilté un peu. Mais ma tête n’est pas prête pour le moment”, assure-t-il.
Même s’il ne fait plus partie de ce monde, car, comme il le dit “quand tu ne joues plus, t’es mort”, il a une vision très claire de la pelote : “il y a déjà des choses de faites mais il faudrait une vraie structure. Et il faudrait peut-être moins de joueurs en Elite pro et une 1re série resserrée. Il faut trouver un système intelligent pour que la pelote prenne de l’ampleur. Il ne faut pas que ça devienne un sport de privilégié, il faut le rendre accessible”.
“Aujourd’hui, t’es blessé, t’es plus rien”
Jouant à la pelote depuis tout petit, Peio Goicoechea a vu son grand-père jouer en fronton et a surtout été motivé par son oncle, Jean-Michel Idiart, qui a été à la tête d’EPB (Elite pelote basque). A 29 ans, l’ex-pilotari a la tête sur les épaules et aimerait même un jour s’impliquer dans la pelote “mais aujourd’hui, je n’ai pas encore la légitimité”, annonce-t-il. “Je pense que pour rendre la pelote vraiment professionnelle il faudrait une structure avec un vrai suivi longitudinal. Il faut être très entouré. Aujourd’hui, t’es blessé, t’es plus rien”, lance-t-il. Et il en sait quelque chose, lui qui a été blessé quasiment toute sa carrière : “à 25 ans, j’ai été opéré de l’épaule. A l’époque, j’étais monté en 1re série. J’aurais dû faire de la rééducation pendant huit mois mais je n’en ai fait que pendant trois mois, car sinon, je redescendais en 2e série. J’ai repris trop tôt”, raconte-t-il. Aujourd’hui, loin des kantxa, Peio Goicoechea poursuit son chemin en gardant la même passion pour la pelote. Qui sait, on le reverra peut-être une pelote à la main…
© Marc Mittoux